"Peuh... Vous les chevaliers, vous êtes tous les mêmes ! Tout ce qui vous intéresse, c'est faire parler de vous ! Avouez que c'est la seule raison qui vous pousse à vous battre !"

Perceval le Gallois, jeune garçon élevé dans les bois par sa mère, décide, au grand dam de cette dernière de partir, afin d’accomplir les exploits qui feront de lui un chevalier du roi Arthur. Hélas, après avoir appris à manier la lance et l’épée, et mené de remarquables combats, il échoue à accomplir le haut-fait par excellence, celui grâce auquel il serait devenu le plus grand des héros. En effet, invité à la cour du roi-pêcheur, il n’ose, par politesse et ignorance autant que par naïveté, poser la question qui aurait délivré son hôte de ses souffrances. S’il avait levé le sortilège, le Graal, passé sous ses yeux sans qu’il ne le reconnaisse, lui serait revenu. Quand il comprend (trop tard) son erreur, il promet de soulever monts et montagnes pour retrouver le calice, bien qu’on lui assure qu’il n’y aura pas de seconde chance. Ce serait donc une quête vaine, mais ne dit-on pas que ce qui compte c’est le voyage et non la destination ? Perceval ne semble pas tout à fait d’accord !

Quel plaisir d'accompagner Perceval, anti-héros courageux et ingénu, dans ses aventures de jeunesse ! Le scénario est sympathique et bien mené, Perceval grandit au fil de des rencontres bonnes ou mauvaises et le Perceval du début, quittant les bois, n’a plus rien à voir avec celui qui se lance dans une quête impossible à la fin de l’album, si ce n’est qu’il reste un grand rêveur. Les dessins sont magnifiques, les dorures et enluminures nous plongent dans un moyen âge de contes et légendes, les chevaliers en armure sont particulièrement remarquables. C’est une version moderne du mythe que nous propose Clotilde Bruneau, le ton est en décalage avec les légendes de la table ronde. Si l’on croise beaucoup de jeunes filles en pleurs sur les chemins, elles ne tombent pas pour autant en pâmoison devant notre preux chevalier. La moralité de l'histoire est pleine de malice : la force et la bravoure ne suffisent pas pour devenir un héros et les mères ne sont pas toujours les meilleurs conseillères !

Fabienne