"Eh bien, mes enfants, au-delà de ce point s'étend Sinéthis, la Grande Rivière. Nous sommes les Chanteurs de la Rivière, le Peuple de l'eau, les enfants de Sinéthis. Nos vies sont calquées sur la sienne."
Comme le laisse supposer la très belle couverture, nous tenons là un roman animalier. Le récit débute de façon forte et nous plonge sans préambule au coeur de l'intrigue : une rumeur se répand au sein du peuple des chanteurs de la grande rivière (le peuple des campagnols) : un prédateur inconnu menace les rongeurs et un certain nombre d'entre eux a déjà disparu...
Puis, après ce 1er plan panoramique, le texte zoome sur un terrier en particulier, celui de Daphné qui abrite 4 petits campagnols plus ou moins impatients de faire leur 1ère sortie hors du nid, de découvrir leur territoire et surtout Synéthis, la grande rivière protectrice du peuple. Hélas, une nuit une bête effroyable pénètre dans le terrier et après une brève lutte, s'empare de Daphné, laissant derrière elle 4 petits orphelins. Très vite, Sylvan prend la destinée de la fratrie en main, secondé par Fern sa soeur et guidé par Synéthis qui lui souffle ses conseils. Face à la menace qui plane toujours sur les campagnols, les jeunes chanteurs décident de quitter leur territoire et de rejoindre les « terres inondées », en aval de la rivière où, paraît-il, se trouve une multitude de leurs congénères. La route sera pleine d'aventures et de périls mais étonnament, c'est auprès d'un rat (normalement un prédateur) qu'ils trouveront de l'aide.
Gros coup de coeur pour ce roman qui nous fait adopter très naturellement un point de vue au ras du sol, à hauteur de campagnol. Un récit savoureux, tendre et qui, mine de rien, nous en dit long sur les campagnols : leur comportement, leur environnement... et pour cause, l'auteur, Tom Moorhouse est un zoologiste spécialiste de ces petites bêtes. Il est aussi manifestement doué pour l'écriture : sa langue, sans être soutenue est riche au niveau du vocabulaire, de la syntaxe etc..., le récit reste pour autant, très facile à lire, fluide, les nombreux dialogues le rendent très dynamique. En filigrane, il défend la solidarité et la confiance en l'autre, celui que l'on ne connaît pas mais qui fait peur (à travers le rat), la menace ne vient pas toujours de là où on l'attend. Les relations entre frères et soeurs sont très bien rendues, chaque petit campagnol a son caractère propre (Sylvan est impulsif, Fern, sa soeur plus réfléchie) et s'ils se disputent parfois, ils restent néanmoins très unis. Un grand moment d'évasion et d'aventure, pour lecteurs confirmés à partir de 10 ans.
(Fabienne)
Les petits campagnols sont à retrouver dans le second volet de leurs aventures : Les terres inondées