"L'Iliade raconte une guerre terrible, un désastre dû à une simple pomme, voici pourquoi..."
Yvan Pommaux continue d’explorer la mythologie grecque avec ce nouveau titre consacré à la guerre de Troie. Comme toujours les humains apparaissent comme des marionnettes manipulées par les dieux, ils ne sont pas libres de leurs actes, les dieux les détournent à leur convenance : Pâris aurait dû mourir de la main de Ménélas mais Aphrodite intervient et le sauve. Pommaux n’hésite pas à dresser un long inventaire des nombreux chefs combattant de chaque bord : c’est audacieux car la liste aurait pu être ennuyeuse mais non, elle accentue l’idée de gigantisme et tous ces noms inconnus suscitent l’imaginaire du lecteur. Les événements successifs de la guerre sont très détaillés : les prises de position de chacun, les rivalités à l’intérieur du camp grec entre Achille et Agamemnon mais aussi celles entre les dieux, chacun prenant partie pour les uns ou les autres ; seul le dernier épisode, celui du cheval de Troie imaginé par Ulysse est relaté très brièvement, à la manière d’un détail qui aurait peu d’intérêt ! Là encore, Pommaux est hardi et se démarque de la tradition qui fait de ce stratagème l’événement clé de la guerre de Troie puisqu’elle donne la victoire aux Grecs. Ce parti pris tient au pacifisme de l’auteur–narrateur : son intention est de montrer que la guerre en général (peut importe les motifs, l’époque ou le lieu) est une bêtise, source de souffrance pour tous, et que la mort et la désolation accablent autant les vainqueurs que les vaincus : « Devant les vaincus, les vainqueurs se reconnaissent comme dans un miroir ». Comme pour les autres volumes de la collection, la construction de cet album est brillante, avec toujours l’utilisation de la mise en abîme qui induit une certaine distance. Le recours à la bande dessinée est ici plus systématique et en effet, le procédé rend le récit très dynamique. Encore une réussite !
(Fabienne)
