sylvain prudomme 900"Minettes sur leur trente et un qui soutenaient le regard de Couto avec effronterie, tout le temps que durait son passage dans leur champ. Le créole avait un joli mot pour les désigner. Il disait Bajudas, du verbe baja, danser. Ce qui à la lettre ne signifiait pas exactement danseuses, mais plutôt quelque chose comme dansées, avec juste dans leur nom un rien de passif, d'abandonné qui était tout un programme"

Le roman s'ouvre sur la mort de Dulce, la chanteuse du mythique Super Mama Djombo, orchestre de la Guinée Bissau qui a connu la gloire dans les années 70, à l'aube de l'indépendance du pays. Couto, l'un des guitaristes, était alors son amoureux et toute la journée, il déambule dans la ville, croise des amis annonce la nouvelle et entraîne le lecteur avec lui pour une ballade très sensorielle, l'ouïe et l'odorat sont très sollicités. Le texte balance entre présent et passé puisqu'entre deux rencontres, Couto se perd dans ses souvenirs, l'occasion pour Sylvain Prudhomme d'évoquer l'histoire de ce tout petit pays d'Afrique occidentale, de faire revivre le groupe de musique, de parler d'exil et de confronter les espoirs nés de l'indépendance aux désenchantements d'aujourd'hui. L'attente est aussi sous-jacente car un coup d'état est en marche pour le soir même, alors que le groupe doit donner un concert aux accents particuliers vu les circonstances. L'écriture est savoureuse, colorée et mâtinée de créole, j'ai souvent relu les phrases pour le plaisir. L'auteur entrelace avec audace réalité et fiction : Dulce n'est pas morte, Couto n'a jamais existé ! Un grand moment de littérature !

 (Fabienne)

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L'auteur, à propos de son livre, à la librairie Mollat :

Ne vous privez pas d'écouter le Super Mama Djombo pour accompagner cette lecture !

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