« Quand on se force, c’est pareil ou pas qu’être forcée ? »
Cinq amies décident de passer un week-end ensemble dans une ville aux vieilles pierres qui n’est pas nommée. Clotilde n’a pas contesté ce choix et pourtant, revenir dans cette ville 20 ans après l’avoir quittée est douloureux et elle ressent un profond malaise. Elle se retrouve face à un passé dont elle n’a parlé à personne, pas même à ses amies parce qu’elle en a honte : là, elle a vécu une relation destructrice avec un homme. Aujourd’hui on dirait qu’il était toxique et qu’elle était sous emprise. Le récit est à deux niveaux : on suit les 5 amies en temps réel, ce qu’elles disent et font durant ce week-end censé être festif, et comme en surimpression, on a l’introspection de Clotilde qui se repasse le film désastreux de sa vie avec celui qu’elle nomme Monsieur. Elle analyse les raisons qui l’ont poussée vers lui : la précarité d’abord et puis la fable de l’âme sœur (partant du mythe de La caverne de Platon). Elle était vulnérable à cette époque, une proie pour cet homme qui se prend pour son sauveur et va petit à petit « l’évider » d’elle-même, l’assujettir à son bon vouloir.
Vingt ans après les faits, Clotilde (alter égo de l’autrice) a compris les mécanismes perfides de la domination et des violences sexuelles et elle les démonte avec une acuité impressionnante. En revanche, elle pose un regard doux sur la jeune femme naïve et fragile qu’elle était à l’époque avec ses rêves et ses espoirs, tout en se sentant coupable de n’être pas partie plus tôt, portant ainsi la responsabilité de ce qu’elle a vécu. La honte qu’elle ressent 20 ans après les faits rappelle que les stigmates de cette histoire sont encore là, le trauma est vivace… Une réflexion sur le couple, le célibat, une ode à l’amitié aussi, un texte habité par la rage qui réveille chez celui ou celle qui le lit une saine colère mais avec néanmoins des passages franchement drôles, on ne s'en prive pas !
Fabienne


 
  
  
  
 
