« Animé par l’envie de pénétrer toujours plus loin dans la beauté divine, infinie, vivante, il quitta l’université du Wisconsin pour l’université de la Nature Sauvage »

John Muir, infatigable marcheur né en 1938, souvent présenté comme le père de l’écologie, nous a légué de nombreux écrits sur ces aventures périlleuses au cœur de la « grande sauvagerie », ces immenses territoires encore vierges aux États-Unis dans le seconde moitié du 19è siècle. Cela n’a pas empêché Alexis Jenni de se lancer dans l’écriture de ce magnifique texte, à mi-chemin entre le récit de voyage et la biographie, le récit d’émancipation et l’aventure, et c’est tant mieux. En effet, ce J’aurai pu devenir millionnaire j’ai choisi d’être vagabond n’est pas un calque des textes de Muir, loin de là. Bien-sûr, A. Jenni retrace la vie de ce grand naturaliste mais n’hésite pas à nous renvoyer à ses mémoires si nous souhaitons plus de détails sur telle ou telle expédition. John Muir avait une personnalité pour le moins singulière, l’homme est assez fascinant et c’est plus à son portrait que s’attache Jenni. Après une enfance très stricte, il n’a cessé de s’évader, de prendre le large ; dégagé des conventions sociales il a cherché toute sa vie à s’émerveiller, les plantes et particulièrement les arbres, les montagnes, les oiseaux, furent la source de son enchantement qui touche au mystique. Il fut un ascète « libre et joyeux », il n’en demeure pas moins que ses écrits très sérieux ont une valeur considérable d’un point de vue naturaliste, ce sont aussi des plaidoyers pour la nature : Muir est pionnier de l’écologie, terme anachronique pour son époque.

Le récit d’Alexis Jenni est un immense coup de cœur, l’auteur est lui-même très présent, s’exprimant à la 1ere personne, il parle de ce qui le lie à Muir, parsème le texte de réflexions personnelles sur la littérature, l’écriture, sur le voyage même et le lecteur vagabonde aussi bien à ses côtés qu’à ceux de Muir, c’est très plaisant. Jenni parle du « prodigieux talent » de Muir pour écrire ses histoires : on lui renvoie le compliment, nous sommes ici dans la belle littérature, l’écriture est délicieuse, très incarnée, on finit la lecture avec nous aussi de l’émerveillement plein la tête !

Fabienne

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