« Comment dormir sans le froissement des feuilles, sans la brise sur ma peau, sans le trottinement fébrile des bestioles, les chants du jour ou de la nuit, le souffle des Ancêtres dans le chuchotis des buissons et le frisson des braises ? »

Fin du 18ème siècle. Lizzie, la narratrice du roman est anglaise mais elle a été déportée en Terres Australes pour le vol d’en drap ; le roman s’ouvre sur sa fuite du camp où elle est retenue prisonnière. S’ensuit une course, seule à travers le bush, une contrée particulièrement inhospitalière pour qui ne la connait pas. Mais après des semaines à remonter vers le Nord, sa route va croiser celle d’un clan aborigène ; passé un temps d’observation, ils vont l’accueillir parmi eux. Dans le rêve de l’arbre creux est un récit initiatique, une quête de liberté. Lizzie voit peu à peu son monde se reconfigurer, ses valeurs se transformer au contact d’une tribu vivant en harmonie avec la nature et les éléments. L’initiation se fera essentiellement par un vieil homme, un sage, grâce aux récits ancestraux qu’il lui transmet, partageant son savoir, la cosmogonie et les mythes de son peuple. Une relation à la nature, aux éléments qui n’est pas sans rappeler celle des Amérindiens, sans doute est-ce le propre des peuples premiers. Les récits irriguent le texte, ainsi que les chants, la danse. Si le « vivre ensemble » est un concept galvaudé dans nos sociétés contemporaines, il trouve son incarnation dans la vie menée par ces aborigènes. Hélas, les occidentaux qui débarquent en conquérants menacent une civilisation dont ils auraient pourtant tant à apprendre.

Un texte qui ne se donne pas tout de suite mais que j’ai eu ensuite du mal à quitter. Le début est contemplatif, Lizzie survit seule dans la nature sauvage,  ses souvenirs nous aident à poser le contexte. Mais dès la rencontre avec le clan de Yalkarriwruy, la lecture prend une autre tournure, c’est une renaissance pour la jeune femme, on découvre avec elle une autre façon de penser, d’habiter la terre, c’est très beau ! Une narration à la 1ère personne, sans aucun dialogue, un texte poétique et d’une grande sensibilité, le roman des sensations : ça bruisse, ça frémit, ça chuchote, chaque page est une nouvelle expérience !

Fabienne

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