« Je me suis rendu compte qu’on est finalement tous « le parisien » de quelqu’un »

Benjamin Keltz a parcouru la Bretagne, celle des « volets fermés », surtout les stations balnéaires (mais aussi Caurel près du lac de Guerlédan) afin de comprendre un phénomène qui n’est pas nouveau mais qui a pris une ampleur considérable depuis le COVID. En effet, cette Bretagne-là connaît une crise du logement hors norme ; dans de nombreuses petites cités, le taux de résidences secondaires dépasse les 50% : se loger est devenu un calvaire pour les familles qui veulent s’installer à l’année, quand bien-même leurs revenus devraient le leur permettre ; pour les travailleurs saisonniers, trouver un toit en saison relève carrément de l’utopie dans certains endroits. Au-delà du constat, l’auteur alerte sur les conséquences du logement temporaire, notamment les conséquences sociales qui peuvent devenir dramatiques : une question parmi d’autres, comment maintenir les services publics dans ces conditions ?
 
Bretagne secondaire n’est pas un brûlot ou un pamphlet, c’est une enquête journalistique, mâtinée de récit personnel. Benjamin Keltz a interrogé différents acteurs : ceux qui pâtissent de la situation mais aussi les élus, les particuliers qui font de la spéculation immobilière, les résidents secondaires, qui vivent assez mal d’être caricaturés et réduits aux « Parisiens », terme qui englobe finalement pas mal de monde… C’est un récit honnête, subtile et exigeant qui ne s’accommode pas de poncifs et c’est passionnant. Si le sujet est alarmant, le ton tranche par son côté plaisant, le récit de voyage voisine avec l’enquête journalistique, les références littéraires foisonnent et les anecdotes prêtent parfois à sourire. Il ne s’agit pas ici de trouver un coupable (même si la responsabilité des locaux ne peut être niée) mais de faire le point et peut-être susciter une réflexion collective. Mention spéciale aux dessins de Joëlle Bocel !
 
Fabienne
 
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