"Le plus dérangeant, dans toute cette affaire, n'est pas tant de savoir pour quelles raisons Lisa a menti, mais pourquoi tant de gens ont eu envie de la croire."
Avocate dans une ville de province, Alice Kerdidreux reçoit Lisa Charvet, une jeune adulte, qui souhaite être défendue par une femme pour un procès en appel. Cinq ans plus tôt, elle avait alors 15 ans, Marco Lange a été reconnu coupable de l’avoir violée, il a toujours clamé son innocence. Or, Lisa revient sur ses dénonciations auprès de son avocate et lui explique ce qui s'est passé. Cinq ans plus tard, donc, les rôles s’inversent, de victime, Lisa deviendrait coupable, mais n’existe-t-il pas une zone grise ?
Pascale Robert-Diard, chroniqueuse judiciaire, a jusqu’à présent écrit de la non-fiction. La petite menteuse est son 1er roman mais il baigne dans un milieu que l’autrice connaît bien pour le fréquenter depuis une vingtaine d’années (son regard sur ce petit monde est plutôt acerbe). Elle nous livre un très beau texte sur la vulnérabilité d’une adolescente qui s’ennuie dans une petite ville. Elle nous met en garde contre tout manichéisme facile, la victime versus le coupable, c’est plus qu’un roman sur l’erreur judiciaire : elle interroge le principe de l’intime conviction qui peut basculer très vite, sur quoi elle repose, comment elle se construit. L'objectivité dans un tribunal est une chimère et, cinq ans après #metoo, elle réaffirme la nécessité du doute y compris lorsqu'il s'agit d'une plainte pour viol. La dernière partie du roman est la brillante plaidoirie d’Alice en faveur de Lisa (avec un paragraphe criant de vérité sur ce qu’est la vie au collège), elle est malgré tout une victime, mais pas celle que l'on croit ; la fin reste ouverte, comme je les aime !
(Fabienne)
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