"Quand on est jeune, il est facile d’avoir des idéaux et de vivre en accord avec eux. Ce qui est compliqué, c’est de maintenir une cohérence dans le temps malgré les difficultés que nous impose la vie."
Laura, la narratrice, et Alina se sont rencontrées lorsqu’elles étudiaient à Paris, elles étaient libres, insouciantes, aimaient faire la fête et leur complicité était renforcée par un non-désir d’enfant bien ancré, elles refusaient « de renoncer à leur liberté et de s’immoler sur l’autel de la conservation de l’espèce ». Pourtant, quelques années plus tard, de retour à Mexico, Alina et Aurelio, souhaitent ardemment un enfant. Si Laura est surprise, elle partage bientôt la joie de son amie et le lien entre elles reste intact. Cette amitié sera d’ailleurs précieuse car la naissance de la petite Inès ne ressemble en rien à ce dont avaient rêvé ses parents.
Laura, que la présence d’enfant met d’habitude mal à l’aise, va quant à elle nouer une relation pleine de tendresse avec son jeune voisin de 8 ans : ce n’était pas gagné, c’est d’abord par ses cris quotidiens à travers les murs de l’appartement qu’elle a connu cet enfant sujet à des crises violentes face à une mère aimante mais qui chancelle. Et puis, il y a ces pigeons qui décident de nicher sur son balcon ! Guadalupe Nettel interroge avec douceur et honnêteté la maternité, le lien aux enfants, le bien-fondé inconditionnel de la famille biologique, elle n’esquive pas les questions gênantes, n’est jamais ni dans la bien-pensance ni dans le jugement.
Un roman sur les certitudes qui se trouvent bousculées, sur la vulnérabilité et son pendant, la force intérieure. Si Aurélio a sa place dans cette histoire, ce sont surtout des femmes que l’on rencontre et elles sont belles : elles doutent, elles vacillent parfois mais elles sont solidaires, L’oiseau rare chante la sororité et nous murmure qu’en matière d’amour, de maternité, d’enfants, il n’y a pas de généralité qui tienne, toutes les situations sont uniques, du fait des personnalités qui les fondent, des évènements qui les créent. Un très beau texte !
(Fabienne)
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