« La beauté des lieux était indifférente à la mort. La nature avait l’habitude. »

Mick fait partie du CIT, le commandement des enquêtes criminelles de l’armée ; il est basé en Allemagne et ses états de services en imposent : c’est simple, il est le meilleur ! Mais pour l’heure, il est de retour dans ses collines natales du Kentucky pour une permission spéciale ; sa femme est enceinte et le couple vit des heures délicates, pas sûr qu’il s’en remette. Linda Hardin, sa sœur et shériffe du comté, que les pontes locaux tentent de déstabiliser, va faire officieusement appel à ses talents pour l’aider à résoudre le meurtre d’une femme. C’est cette enquête que l’on va suivre et si, bien-sûr, elle est le fil rouge du roman on comprend bien vite qu’elle est, non pas le prétexte mais au moins l’occasion pour Chris Offut de nous parler des gens des collines (pour reprendre le titre), comme il l’avait fait dans Nuits Appalaches, tout aussi splendide. La nature est belle et l’auteur l’esquisse en quelques traits ici et là mais la vie qu’on y mène est rude, brutale. Les habitants ont une une vision clanique de la famille et Mick discerne très vite chez eux « cette résolution vengeresse ancrée dans la culture des collines » : on respecte un code d’honneur et on fait justice soi-même, quitte à déclencher une cascade de morts et à le payer soi-même au prix fort…

J’ai su dès les premières pages que j’allais aimer les personnages de ce roman, Chris Offut a le sens du romanesque, et il installe en quelques pages l’atmosphère, le décor. Mick lui-même aime les habitants des collines et il a pour eux un attachement voire même de la tendresse, en dépit de leur rudesse ou peut-être à cause d’elle justement ; il sait d’où ils viennent et s’il n’avait pas quitté les collines, il serait devenu comme eux, âpre, farouche, rugueux… Un regard profondément humain sur des hommes et des femmes en marge, qui ont peu à attendre des autorités et se débrouillent par eux-mêmes. C’est sombre, sauvage et poétique !

(Fabienne)