85764648 o"L'amour est glissant comme un poisson

même s'il sent meilleur".

La quatrième de couverture inscrit ce livre dans la lignée du précédent : J'ai tué Shéhérazade, on pourrait même penser qu'il s'agit d'une suite, mais ce n'est pas le cas ou du moins, il n'est pas nécessaire d'avoir lu le 1er pour entrer dans le 2nd. Joumana Haddad dresse en quelque sorte l'état des lieux de la condition féminine dans les pays arabes : au mieux, ce n'est pas joli-joli, au pire, c'est tout simplement scandaleux, infâme. Elle s'attaque avec véhémence aux discriminations, aux stéréotypes, à l'hypocrisie et un long chemin reste encore à parcourir, d'autant que les femmes, conditionnées, contribuent elles-mêmes (entre autre par l'éducation qu'elles donnent à leurs enfants) à maintenir cet état de fait. Cependant, si Joumana Haddad dénonce le machisme, elle ne donne pas dans "l'anti-hommes", au contraire, elle est convaincue que le changement ne se fera qu'avec eux, lorsqu'ils cesseront de jouer à Superman et s'assumeront en Clark Kent ! Elle dresse aussi un violent réquisitoire contre les 3 religions monothéistes, surtout l'islam et le christianisme, à l'origine selon elle des grands maux de nos civilisations (arabe et occidentale, même s'il est essentiellement question ici des pays arabes).

Je suis tentée de conclure ma lecture, par un "rien de nouveau", sans qu'il y ait là de connotation péjorative : en effet, rien de nouveau et c'est peut-être là le drame, tant que justement rien ne changera, nous aurons besoin de ces livres militants, dérangeants, à plus forte raison on l'imagine au Liban : l'auteur dit ce qu'elle a à dire sans ménager son lecteur et sans crainte de la critique. Une écriture loin de tout académisme donc, qui laisse poindre l'humour (noir, cynique mais humour quand même) au détour des phrases. Elle illustre son propos d'exemples personnels, de citations en exergue de chaque chapitre et de poésie (la sienne). Elle parodie les textes religieux, comme par exemple le Credo ce qui donne lieu à des textes percutants (ou encore les 10 commandements). Un livre très dynamique dans sa forme, ce qui donne d'autant plus de poids à ce qui est dit : c'est bien vu car il faut admettre que le propos est en lui-même déjà connu, une forme classique aurait donc eue tendance à perdre le lecteur en cours de lecture ! Le livre d'une femme en colère, c'est certain, mais aussi d'une femme qui garde l'espoir et qui se bat sans répit, placé sous l’égide d’Henry Miller, d’Anaïs Nin et de Germaine Greer.

 (Fabienne)

Je ne résiste pas, voici le poème dont est extraite la citation plus haut :

L'amour est glaissant comme un poisson

même s'il sent meilleur

L'amour est glissant comme un poisson.

Chaque fois que tu crois le tenir,

il s'échappe.

Et s'il finit par se tenir tranquille dans tamain,

ne pousse pas un soupir de soulagement.

Cela veut simplement dire

qu'il est mort.

 

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