"C’est au moment où les êtres sont enveloppés de lumière qu’ils commencent à chuter. On croit qu’ils brillent alors qu’ils brûlent."
Trois histoires alternent dans ce roman, qui se recouperont finalement plus ou moins.Dans une cité près de Paris, Naadir voit peu à peu son quartier glisser vers les émeutes, lesquelles ne sont pas sans lien avec les activités de son grand frère. En Colombie, 2 très jeunes femmes, Sonia et Norma, prennent la route après le meurtre de leur père, elles espèrent échapper aux Maras et à la police pour rallier les Etats-Unis. Au Mexique, le sénateur Urribal, pervers et corrompu, doit affronter les chefs des cartels qui détiennent véritablement le pouvoir, réduisant les politiciens à de sinistres pantins. Selon Urribal, « l'ordre du monde mis en place est celui du chaos », il n'a de cesse de marteler que la mondialisation entraîne les sociétés à leur chute et les 2 autres histoires, si elles ne clament pas le même message, le confirment cependant. Ce récit est très sombre, traversé par la violence et l'absence radicale d'espoir ; il invite le lecteur à méditer ces questions qui ont aussi à voir avec la morale. Urribal nous apparaît d'emblée ignoble, quant aux autres personnages, on ne s'attache pas à eux en tant qu'individus mais en ce qu'ils sont emblématiques de destinées collectives, notamment les 2 migrantes, ce sont des archétypes. On peut reprocher au texte un ton parfois professoral (surtout à propos des narcotrafiquants) voire même prophétique ; néanmoins, certaines scènes surprennent par leur réalisme et la métaphore avec la ville d'Ys m'a impressionnée. J'ai aimé ce livre qui nous maintient les yeux ouverts sur une situation qu'on aimerait nier, un monde dont on minimise parfois les maux. Pour les protagonistes, les jeux sont faits, mais pour nos sociétés, la chute est-elle inexorable ?
(Fabienne)
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