"Tu as besoin de quelque chose ? Un café ? Un jus d'orange ? Du LSD ?"
L’histoire se passe dans un futur proche, les élèves en fin de 3ème doivent effectuer 10 mois de Service Civique Obligatoire, le « serci », dans une région autre que la leur. Bien-sûr, leurs préférences, tant en matière de secteur professionnel que de région sont censées être prises en compte. Valentin Lemonnier, est envoyé dans un établissement pour personnes âgées atteintes d’Alzheimer, dans les Hauts de France : rien à voir avec ses souhaits, ce qui lui cause un désarçonnement important (un terme qu’il emploie souvent pour décrire ses réactions) et un niveau d’anxiété équivalent à 8/10. Le roman qui suit est finalement son rapport de serci, qui ne devait pas dépasser 30 pages mais qui atteindra allègrement les 378 (il a dépassé !). Ce rapport est rédigé à la manière d’un journal mais l’on trouve souvent des « notes rétrospectives », ce sont des notes ajoutées à la fin du stage par un Valentin qui a beaucoup changé et pose un regard parfois différent, parfois gentiment moqueur sur celui qu’il était en arrivant.
Une comédie « flower-power » très rock’n roll, tendre, drôle, indulgente mais jamais condescendante ou mièvre lorsqu’il s’agit par exemple des personnes âgées : on rit beaucoup des conversations de sourds, des quiproquos mais c’est finalement toujours avec beaucoup de tendresse et il y a en filigrane une réflexion sur la mémoire, la fin de vie, le mensonge etc. L’intérêt principal du roman c’est son narrateur si peu conventionnel : Valentin a besoin de sa zone de confort, n’aime surtout pas l’imprévu qui le rend anxieux, il est introverti, maladroit dans les relations humaines et parle peu de toute façons, il aime les habitudes, la routine, il est toujours très sérieux et très premier degré et donc, ce stage va le bousculer tout entier, grâce aux nombreuses rencontres qu’il fait mais surtout grâce à Sola Pierré, sa référente de stage. Ces quelques mois loin de tout ce qu’il connaît, de ses repères habituels font office de rite initiatique pour le sortir de sa coquille, l’ouvrir au monde et surtout aux autres !
L’écriture au début du roman est celle d’un Valentin on ne peut plus sérieux, carré, studieux, on sent l’envie de bien faire mais ça sonne très « rédaction appliquée et pénible », c’est à la fois naïf et touchant mais le lecteur s’amuse néanmoins des situations et réactions farfelues et peut à petit, l’écriture se détend, se fluidifie, se laisse aller, parallèlement à l’évolution de Valentin qui réfléchit, s’affirme, évolue.
Dans ce roman couleur vintage, je retiens surtout l’humour, dans les conversations avec les colocataires par exemple (colocataires dont je n’ai pas vraiment parlé mais qui ont une place importante), la tendresse, l’amour, et l’émotion, notamment à la fin. Bien-sûr, Clémentine Beauvais nous a concocté une playlist pour nous mettre dans l’ambiance ! Un roman pétillant, un roman « bonbon au miel », qui nous fait du bien sans nous ramollir ! Au contraire, Age tendre a vraiment la pêche !
(Fabienne)
Où l'on retrouve Clémentine Beauvais, autrice ou traductrice :