alma"Chez les Oko, le mot « alma » signifie « libre ». Mais ce genre de liberté n’existe dans aucune autre langue. C’est un mot rare, une liberté imprenable, une liberté qui remplit l’être pour toujours."

Le roman met en place différentes intrigues qui, bien-sûr, seront amenées à se recouper, plusieurs destins (et quels destins !), amenés à se rencontrer. Nous sommes en 1786, entre les côtes d’Afrique, l’Océan Atlantique et La Rochelle (le récit se termine non loin des côtes de Saint-Domingue).

Alma, une jeune fille de 13 ans, vit dans une vallée coupée du monde avec ses parents et ses frères. Les parents se sont réfugiés là pour fuir guerre, le commerce des esclaves etc… Ils vivent dans une sorte d’Eden, préservé des maux du monde. Alma trouve un jour un cheval, arrivé d’elle ne sait où puisqu’elle ne connaît pas le secret qui permet, une fois par an pendant la saison des pluies, de pénétrer dans la vallée. Mais son petit frère, Lam, qui rêve de découvrir le monde, va lui, trouver la faille, et s’enfuir avec la monture. Le père se lance à sa poursuite, Alma également de son côté, les voilà hors protection… Plus tard, la mère (enceinte) et le grand frère quitteront eux aussi la vallée, dans les fers, leur refuge ayant été découvert. Les uns se cherchent, les autres sont capturés…

Puis, nous retrouvons Joseph Mars, jeune garçon lui aussi, il a réussi à grimper clandestinement sur la Douce Amélie, bateau négrier en route vers l’Afrique et dirigé par le redoutable Capitaine Gardel. Une fois découvert, Joseph ne doit sa vie qu’à un secret qu’il partage avec Gardel : il serait en possession d’un message codé qui, une fois déchiffré, indique le lieu où l’un des plus célèbres pirates (prétendu mort), aurait caché son trésor. Joseph est malin, intelligent, a le goût du risque. En réalité, il a des informations selon lesquelles 4 tonnes et demi d’or seraient cachées à bord et bien-sûr, il compte bien faire fortune ! On sent bien qu’il cache pas mal de secrets, il est nous est sympathique d'emblée et titille notre curiosité... Sur le bateau, nous avons aussi Cook, un cuisinier noir et libre, qui ne se trouve pas là non plus par hasard (il a une mission a mené à bien) et le Charpentier Poussin, qui n’a pas sa langue dans sa poche, lui aussi est là pour une raison bien spéciale.

Enfin, à La Rochelle, nous suivons l’armateur Bassac, qui a engagé toute sa fortune sur la Douce Amélie, suivant les conseils de son comptable véreux. Il mourra de façon suspecte le soir de Noël ; sa fille, ruinée, décide de s’installer avec sa gouvernante dans la plantation qui lui reste à Saint-Domingue.

Voici un excellent roman d’aventure, une quête, un récit initiatique qui cultive une part de mystère et nous embarque pour ne plus nous lâcher. Timothée de Fombelle, en excellent conteur, inscrit habilement le romanesque dans un contexte historique particulièrement bien dépeint, notamment en ce qui concerne le commerce des esclaves, mais ce n’est jamais didactique : il décrit le paysage, la météo, les émotions et tout cela contribue à rendre le récit passionnant. Un texte dense, soutenu par les magnifiques dessins de François Place. L'écriture est envoûtante, très accessible, néanmoins, le roman s’adresseà de bons lecteurs, qui ne seront pas perdus par la multitude des intrigues, le passage de l’une à l’autre et pour chacune d’elle, le fourmillement de détails et de rebondissements. Les adultes, n'en doutons pas, l'apprécieront également ! Un grand roman, une fresque lumineuse, flamboyante, une ode à la liberté !

(Fabienne)

 

 

Du même auteur :