moxie« L’idée que les filles d’East Rockport soient évaluées, classées et comparées sur des critères tels que leurs fesses, leurs seins ou leur visage m’empêche de trouver le sommeil »

Rockport, petite bourgade texane où il ne se passe rien et où tout le monde vit au rythme des matchs de football depuis des décennies. Les sportifs jouissent d’un prestige outrancier et dès lors, se sentent pousser des ailes. En cours, ils sont non seulement vulgaires mais aussi odieux et humiliants pour les filles, qui n’ont pas leur mot à dire et qui plus est, ne sont absolument pas soutenues par leurs profs qui connaissent très bien la situation. Il faut dire que le leader de la meute est le fils du proviseur. Ces garçons (pas tous bien-sûr mais les autres on ne les entend pas), exercent un pouvoir absolu et oppresseur sur les filles, ils ont pourtant à leur botte l’équipe des pom-pom girls (oui, on est bien en Amérique). Lorsque les filles dénoncent leurs agissements abjects, l’administration leur conseille simplement d’oublier et bien-sûr resurgit le vieux reproche de leurs tenues vestimentaires qui distraient les garçons et seraient responsables de leurs dérapages : la répression se fera donc contre elle…

Dans ce contexte, la sage et obéissante Vivian, ne souhaite qu’une chose, terminer son lycée et passer inaperçue en attendant. Pourtant, il y a un moment où l’injustice va trop loin et la pousse à agir : seule et incognito, elle crée un fanzine, « Moxie », dénonçant la domination et invite les lycéennes à se mobiliser pour lutter ensemble. Si dans un premier temps les réactions sont frileuses, au fur et à mesure le mouvement prend de l’ampleur et devient fédérateur : les filles, qui jusque là se fréquentaient en fonction de leur origine ethnique, s’unissent et deviennent une force incontournable. L’année va donc être inoubliable pour Vivian qui, en plus, va tomber amoureuse du garçon le plus cool du lycée (rien à voir évidemment avec les jeunes coqs dont on parlait plus haut !)

Moxie est un chouette roman à plusieurs égard. Tout d’abord parce que Vivian est une jeune fille qui nous est familière, « banale », mademoiselle tout-le-monde, pas du tout une meneuse, elle ne fait même pas partie des filles populaires dans le lycée. Et pourtant, elle parvient à dire STOP, à réveiller les esprits résignés, soumis ou tout simplement apeurés. Agir, ce serait donc quelque chose à la portée de tous.tes, et plus la contestation sera ralliée, plus l’impact sera important : voilà une idée fort intéressante et à méditer ! L’auteure défend aussi (discrètement) l’idée que le chemin vers l’égalité (des droits et des chances) doit aussi se faire avec les garçons, qu’il ne s’agit pas d’opposer les sexes mais de les réunir autant que possible (on peut d’ailleurs ajouter que les garçons ont tout à y gagner !). Enfin, c’est un roman très contemporain et si les comportements tyranniques des garçons sont ici exacerbés pour les besoins de l’intrigue (heureusement ça ne se passe pas comme ça partout), il n’en reste pas moins qu’il parlera à chaque lecteur.trice car Jennifer Mathieu évite les pièges du binarisme facile. Ses personnages sont nuancés, ils ont leurs doutes, leurs faiblesses, ils sont crédibles. Enfin, c’est une belle histoire d’amitié, ces amitiés indéfectibles de l’adolescence, où l’on devient BFF (à savoir Best Friend Forever) et des premiers émois amoureux.

(Fabienne)

 

« … je me dis que c’est ça être féministe. Pas humaniste ou égaliste, ou je ne sais quoi. Mais féministe, vraiment. Le terme convient tout à fait. A partir d’aujourd’hui, ce sera mon mot préféré. Parce qu’en somme, ça veut dire des filles qui se soutiennent et qui veulent être traîtées de façon égalitaire dans un monde qui n’arrête pas de leur répéter qu’elles sont inférieures »

 

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