"C'était lui, le responsable, lui qui les avait entraînés dans "cette folie", comme disait Hermann. Mais c'était une folie juste. Des centaines de jeunes gens semblables à eux mouraient tous les jours. Parfois des milliers. Il ne pouvait pas se contenter de jouer de la musique en attendant que cela se termine. Un homme était-il un homme quand il perdait la faculté de s'indigner ?"
En Allemagne dans les années 30, le jazz, perçu comme une musique dégénérée par les nazis est interdit. Pourtant, en 1942, alors que les troupes allemandes connaissent de sérieux revers, Goebbels a recours au jazz, ridiculement renommé « musique de danse accentuée rythmiquement », pour redynamiser les hommes. Il demande à Wilhelm Dussander, ancien pianiste, de fonder un groupe, avec l'aide de Dietrich Müller, horrible fonctionnaire dévoué au parti. Dussander est défavorable au régime, mais il n'a pas le choix : il recrute donc 4 jeunes garçons très différents les uns des autres pour les initier à cette musique et il le fera dans les règles de l'art : les Goldenen Vier voleront de succès en succès. Parallèlement, certaines révélations concernant les crimes nazis les pousseront à s'engager dans la Rose Blanche, réseau de résistance allemande, avec leur professeur ; l'auteur met d'ailleurs en scène Sophie et Hans Scholl, figures historiques de ce mouvement
Le roman aborde la résistance au cœur du système nazi, c’est assez rare pour être remarqué. L'auteur insiste sur la peur et les doutes qui saisissent les musiciens lors de leurs premières actions et cette dimension humaine renforce le caractère héroïque de leur engagement. Le personnage d'Hermann, le contrebassiste est particulièrement réussi : élevé aux Jeunesses Hitlériennes, il est parfaitement formaté au début du roman et l’on suit pas à pas le difficile cheminement qui le mènera au coup d'éclat final. Un roman brillant qui souligne le lien étroit entre l'art et la guerre, l'art et la résistance ! Pour tous, dès 13 ans.
(Fabienne)