"Lui qui a tant de mal à formuler ses idées - quand il en a -, passe son temps à parler fort, à tord et à travers, sans toujours terminer ses phrases. Il sait qu'il a du pain sur la planche. La médiathèque est devenu sa boulangerie."
Du mercredi au samedi, 4 jours dans la vie de quelques ados : Damien et Mélodie, s'embrassent pour la première fois le mercredi et doivent se retrouver le samedi ; Malo, amoureux de Bettina parvient à lui arracher un rendez-vous, le samedi aussi. Enfin, c'est ce samedi-là, qu'un auteur à succès viendra dédicacer à la librairie de la ville, or, Myriam, mère de Mélodie était amoureuse de lui lorsqu'elle était étudiante. Elle ne lui a jamais ouvert son cœur mais n'a jamais réussi à l'oublier : elle est elle aussi impatiente.
Pour chacun d'eux, une attente se crée, ils vont vibrer pendant ces quelques jours fiévreux, se sentir pousser des ailes, être tiraillés par leurs doutes, se transformer même ! Des histoires d'amour – en suspens -, d'amitié aussi, parfois ébranlées par les émois des jeunes (seule Myriam reste dans une solitude un peu triste). Le quotidien est aussi terni par des trouble-fête : des tags racistes sur le magasin de la mère de Mounir, des affiches du même acabit dans le quartier. Le jour dit, toutes ces histoires ne trouveront pas le dénouement attendu, mais peu importe : chacun est allé au bout de son risque, a su dépasser sa peur pour ne pas rester avec ses questions et ses regrets. Même Myriam passera un cap !
Beaucoup de sensibilité et d'émotion dans cet album qui est aussi très drôle par moments, les dialogues sont très réussis, il y a beaucoup de réparties, les répliques fusent pour notre grand plaisir ! Finalement, c'est la vie avec ses joies et ses peines que dépeignent les auteurs, c'est très réaliste et touchant de sincérité. Les dessins, en trichromie (?), noir, rouge et gris confèrent une atmosphère intimiste à l'album, essentiellement des plans rapprochés, voire très rapprochés des personnages, avec de grosses bordures noires : texte et dessins s'imbriquent de façon originale et ont quelque chose du roman photo. Fidèle à l'esprit Rue du Monde, les auteurs mettent en scène une jeunesse métissée, « black, blanc, beur », belle illustration du « vivre ensemble ».
(Fabienne)