"Ces gens n'ont pas changé. [...] Seulement le monde dans lequel ils vivent a changé, lui. On peut considérer les choses de deux façons : soit c'est leur univers qui s'est rétréci, soit c'est celui que l'homme blanc a amené avec lui qui s'est étendu. Dans un cas comme dans l'autre, les Pikunis sont perdants"
Nous sommes à la fin du XIXè siècle, Chien de l'Homme Blanc, un jeune guerrier Pikuni, de la bande des Mangeurs Solitaires, fils d'un guerrier sage et respecté, mène ses premières armes contre la tribu des Corbeaux. Mais bientôt des dangers autrement plus inquiétants pèsent sur les Pikunis : la maladie, contre laquelle la médecine indienne est impuissante, la faim, (les Cornes Noires (les bisons) désertent le territoire) et surtout les envahisseurs blancs, les Napikwans qui menacent de décimer le peuple. Face à ce dernier fléau, les hommes se divisent entre les partisans de la paix et ceux de la guerre même si déjà, au fond d'eux, ils se savent impuissants, vaincus quelle que soit la voie choisie. Un livre qui ne se donne pas d'emblée : il n'est pas facile de se repérer tout de suite parmi tous les noms propres qui désignent des lieux, des hommes ou des animaux. Mais après un petit temps d'adaptation, ce livre nous happe complètement, il nous introduit au cœur de la civilisation amérindienne : sa spiritualité, sa médecine, sa sagesse, ses traditions, une conception du monde en harmonie avec la nature. On rencontre des hommes qui ont un sens aigu de l'honneur, qui ont beaucoup d'humour aussi, un peuple qui privilégie toujours le collectif sur l'individuel. On se sent humble face à un monde dont nous aurions eu beaucoup à apprendre, un peu honteux aussi puisque finalement, le roman de James Welch est le "chant de mort" de ce peuple.
(Fabienne)