"Qu'est ce que la 𝘊𝘢𝘮𝘶𝘳𝘳𝘪́𝘢 ? Cette magnifique expression sicilienne cache en réalité des aspects pour le moins désagréables et signifie justement, par extension, les ennuis. Tancredi donnait à ce mot un sens très personnel : la 𝘊𝘢𝘮𝘶𝘳𝘳𝘪́𝘢 devenait chez lui un signe distinctif, quelque chose que son entourage lui connaissait bien à présent, à savoir le don de se torturer les méninges, un superpouvoir pas très heureux mais qui pouvait s'avérer utile."
Tancredi Pisciotta a passé une très mauvaise année : son frère est décédé, son livre s’est très mal vendu et pour couronner le tout, il a eu 40 ans (ce qui donne lieu à un passage assez savoureux). Bref, il traverse une crise existentielle et pour se ressourcer, il revient quelques jours à Piano Battaglia, le village de son enfance, perdu dans les montagnes siciliennes. Cette retraite ne ressemblera en rien à ce qu’il avait imaginé. En effet, dès le lendemain de son arrivée, il tombe sur le corps agonisant du berger, un exilé marocain ayant trouvé refuge au village. Il a été visiblement attaqué et avant de perdre conscience, il a juste le temps de murmurer « Le loup », parole pour le moins énigmatique puisque le dernier loup de la région a été tué 40 ans plus tôt par le grand-père de Tancredi. C’est vrai aussi que ce dernier a bien cru entendre un loup hurler le soir de son arrivée, fruit de son imagination probablement. Dès lors l’enquête est ouverte. Il sont 6 à vivre à Piano Battaglia, le soir du crime 4 jeunes néo-fascistes se trouvaient aussi sur le lieu mais enfin le nombre de suspects est tout de même réduit et les alibis des uns et des autres sont plutôt douteux.
Un huis-clos au grand air, des personnages fantasques, et un rythme entraînant nous font lire ce roman avec un plaisir manifeste. S’il y a meurtre et enquête, nous ne sommes pas dans un roman noir et pas vraiment non plus dans le polar. L’intérêt est ailleurs, du côté des protagonistes, des liens qui les unissent, un roman d'atmosphère parfois drôle. Ces montagnes renferment un secret, une histoire vieille de 40 ans à laquelle le loup n’est pas étranger. Un bon moment de lecture, dépaysant et distrayant.
Fabienne