« Le chlore de la piscine : avouez que l’on n’a rien inventé de mieux pour nettoyer la souillure de l’âme depuis l’eau bénite »

La narratrice, prof de philo à Brest et récemment agrégée, a candidaté dans un lycée à Tachkent en Ouzbékistan. Mais quand le refus lui parvient sous la forme d’un mail on ne peut plus académique, elle ne s’y résout pas : le roman est la lettre qu’elle adresse à la directrice de l’institution, par laquelle elle lui démontre que sa nomination est une « absolue nécessité » et lui annonce qu’elle s’apprête à déménager avec sa famille pour prendre le poste. Une lettre de motivation « un peu disproportionnée » avoue-t-elle mais qui prend très vite le ton d’une conversation : elle interpelle la directrice, lui prête des réponses, des commentaires, lui suppose une vie, et le portrait qu’elle imagine n’est pas toujours très flatteur. Elle lui écrit « tout ce qui ne se dit pas », une lettre qui reflète ses conflits intérieurs, mêle confidence et pensée philosophique. Ses considérations sur l’amour (entre autres) alimentent une réflexion sur le réel et l’imaginaire, les frontières entre la réalité et le rêve se délitent et elle donne au rêve, à la vie fantasmée une légitimité, une force capable de menacer le principe de réalité. C’est fort et rassurant quelque part !

Tiphaine Le Gall nous embarque tout de suite dans son roman, une proximité s’installe dès les 1ères pages avec sa narratrice, nous sommes finalement le ou la destinataire de sa lettre et nous cheminons avec elle dans le déroulé de sa pensée. J’ai aimé cette idée du rêve plus vrai que le réel quand celui-ci est parfois si inconsistant qu’on peut douter qu’il existe ! Parfois lyrique (avec à l’occasion des accents tragiques), le texte est le plus souvent drôle. C'est réjouissant, profond, plein de fantaisie.

Fabienne

 

Sécurité. Pour accéder au portail de votre bibliothèque, merci de confirmer que vous n'êtes pas un robot en cliquant ici.