champion rvb2"Dans le sport, au boulot, dans les rapports entre les hommes... Le partage, l'entraide, la générosité, tout ça, ce sont des mots pour bercer d'illusions les imbéciles heureux. Au bout du compte, on ne se souvient que du vainqueur"

Quatre ados, qui se connaissent plus ou moins, vont être liés à un événement  grave, auquel ils auront tous contribué. Nous avons d'abord Lauryanne, une pimbêche plutôt désagréable. C'est samedi matin, elle est seule chez elle et voit passer à pied sur la route un garçon séduisant, casque sur les oreilles : elle lui fait signe mais Brandon Meursault préoccupé, ne lui répond pas. Au même instant, la jeune fille entend un bolide rouler à toute allure sur la même route, or, Brandon risque de ne pas l'entendre puisqu'il écoute de la musique (du métal à à fond dans les oreilles) et réfléchit : il se trouve face à un choix cornélien : sportif de haut niveau, il prépare des compétitions d'athlétisme, or son père et son entraîneur, qu'il ne veut pas décevoir, tentent de le convaincre de se doper. Lauryanne devrait faire signe au conducteur du  4x4 d'un danger pour le faire ralentir mais, vexée par l'indifférence de Brandon, elle n'en fait rien : advienne que pourra...

Autre tableau, quelques heures plus tôt : le lecteur fait la connaissance de Luc, 16 ans, qui, malgré l'interdiction de ses parents compte bien prendre le volant du Hummer paternel en leur absence, bien qu'il n'ait pas le permis. Luc n'est pas, lui non plus, d'un abord très sympathique (c'est le moins qu'on puisse dire !). Il espère bien faire profiter Louella, sa petite amie de la sortie, histoire de lui en mettre plein la vue. Là, les pièces du puzzle se mettent en place, l'accident se devine sans que l'auteur ait besoin d'expliciter.

Le roman aborde des thématiques très importantes comme la responsabilité individuelle : Lauryanne, Luc, Louella ont chacun leur part de responsabilité dans l'accident, plus ou moins grande, mais chacun sera plus occupé à « planquer ses fesses » qu'à assumer ses (mauvais) choix.

Christophe Léon considère aussi avec une belle intelligence le sujet du sport de haut niveau (qu'il connaît bien pour l'avoir pratiqué) et du dopage. Dans le dernier chapitre, il propose une analyse très fine de l'engrenage dans lequel est embourbé Brandon, les attentes de son père et de l'entraîneur l'ont transformé en « bête à concours » qui tient grâce aux protéines et cachets anti-fatigue qu'il absorbe quotidiennement. Ils ont reporté leurs rêves sur Brandon sans se demander si c'était vraiment les siens.

S'il aborde des sujets graves, le narrateur, qui suit tour à tour chacun des personnages, adopte un ton en décalage, souvent drôle, cynique. Ainsi la forme tranche avec le fond. Des portraits d'ados au vitriol, Luc par exemple est antipathique, égoïste, irrespectueux, a une hygiène pour le moins déplorable mais se croit le maître du monde ; les descriptions valent le détour : c'est grinçant, et une belle complicité se noue avec le lecteur ! Bref le style est jubilatoire et allège le côté tragique de l'histoire, empêche la pression de monter. C'est aussi grâce à ce parti pris de narration que le livre est réussi. Ce ton sera néanmoins abandonné dans le dernier chapitre, où se joue l'enjeu majeur du roman.

Un coup de coeur, tant pour le fond que pour la forme !

(Fabienne)

Une autre chronique à retrouver ici !

Sécurité. Pour accéder au portail de votre bibliothèque, merci de confirmer que vous n'êtes pas un robot en cliquant ici.

 

Du même auteur :

Sécurité. Pour accéder au portail de votre bibliothèque, merci de confirmer que vous n'êtes pas un robot en cliquant ici.